
Late Shift fait partie de ces curiosités que l’on a envie de venir voir dans une ambiance typique BIFFF: Le film dont vous êtes le héros ! Enfin, vous et les 199 autres personnes présentes dans la salle.
L’idée est simple, une application sur smartphone (CTRL Movie) qui vous permet de poser des choix à des moments précis et ainsi influencer le comportement du personnage principal. 180 choix possible, 7 fins différentes, l’idée semble intéressante et vient affiner un peu plus la frontière entre jeu vidéo et cinéma.
On a presque l’impression d’être dans un Heavy Rain avec quelques secondes pour appuyer sur la croix ou le carré d’une manette, d’ailleurs le film est disponible en précommande le Playstation Network, sortie prévue le 18/04/2017.
Ça semble bien parti pour être une expérience intéressante tout ça non ? Hé bien pas vraiment. Premier bémol : l’application. Que ce soit pour des problème de connexion Wi-Fi ou d’application en elle-même, pas mal de personne n’ont simplement pas su se connecter et interagir de manière correcte avec le film. Passer les 20 premières minutes de la séance à rallumer son téléphone, ça n’aide franchement pas à l’immersion.

Second problème : on est toute la salle à vouloir être le héros. ll paraît que le niveau d’âge mental d’un groupe diminue en fonction du nombre d’individu. C’est un peu ça ici.
Le Bifff, c’est une autre manière de consommer un film. On n’y va pas toujours pour le calme d’une audience happée par l’œuvre qui défile devant ses yeux. On attend ces petites répliques qui vont venir du public. Dans une séance où le film vous demande clairement d’intervenir, ça devient le bordel puissance dix et le concours de la meilleure vanne se met en place. En même temps, un bon tiers de la salle n’arrive pas utiliser cette foutue application, faut pas s’attendre à mieux.
Exemple concret sur la manière dont nous (les 200 personnes dans la tête du héros) avons géré la plus part des choix : séance de bagarre de rue, par deux fois le public peut choisir l’option « se battre ». Scène suivante, le personnage arrive devant une porte qui est ouverte par une domestique, vous devinez quel cri du cœur est venu du public ? « Bats-toi !!!!!».
Cette expérience des plus chaotique a un autre avantage et non des moindre : le cinéma devient une expérience plus ouverte sur les autres, offrant ainsi à la salle un véritable moment de partage. On découvre ses voisins, on a quelques apartés. On a d’ailleurs fini au bar avec nos voisins de devant, on s’était promis une bière suite à une vanne bien placée sur les Chevaliers du Zodiac. Public de trentenaire oblige.
Au final Late Shift : le film est mauvais.
C’est cousu de fils blancs, des choix que l’on fait et qui devraient influencer le comportement d’un personnage par rapport à un autre n’ont aucun impact et je ne parle même pas de la cohérence globale. Dans un jeu vidéo, on va se sentir impliquer parce qu’on prend seul ses décisions et que le rythme du récit dépend majoritairement de notre volonté. Le fait d’être toute une salle à décider ne fonctionne pas selon moi.
Late Shift, la séance, est un pur moment de fun et rien que pour ça, je pense que je retournerai le voir.
Vous vous souvenez la scène du cinéma dans les Gremlins ?
Et bien avec Late Shift, c’est vous le Gremlins, et ça, ça n’a pas de prix.
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